En quoi l’art-thérapie à médiation argile est bénéfique en unités Alzheimer ?
L’art-thérapie, à médiation argile est une invitation à se reconnecter à ses sens, particulièrement celui du toucher.
Chez les personnes atteintes de maladies d’Alzheimer ou apparentées souffrant de troubles cognitifs, l’exploration de l’argile est intéressante car elle évite que les bénéficiaires soient mis en échec par une « technique » qui pourrait les « impressionner ». Et comme toujours en art-thérapie, aucune compétence artistique n’est nécessaire pour participer.
L’occupation des mains permet d’occuper l’esprit, de sortir de l’apathie et de réduire l’anxiété.
Chez les personnes souffrant d’apraxie (ayant des difficultés à allier le geste à l’idée), la possibilité de « malaxer » l’argile avec les mains est particulièrement pertinente. En effet, il n’y a pas d’outils à utiliser et surtout il n’y a pas d’attente de production d’objets ni de résultat esthétique.
– La matière évolue avec la température, l’humidité ou la sécheresse des mains, mais aussi avec le malaxage, le pétrissage.
– L’argile offre un côté réconfortant et doux.
– L’argile permet de former, déformer, reformer, créer, recréer, construire, déconstruire, reconstruire.
Le toucher de l’argile évoque des similitudes avec des domaines connus des résidents, celui de la pâtisserie, ou du jardinage par exemple.
La mémoire procédurale avant leur admission en unité protégée semble préservée comme par exemple celle de former puis étaler une boule de pâte à tarte ou celle de creuser puis tasser la terre pour planter ou rempoter des fleurs.
La pratique de l’argile suscite souvent bonne humeur et rires au vu des formes créées, cela n’a pas manqué d’advenir lors de cet atelier que j’ai donné en mars 2024 dans l’Unité de Vie Protégée Alzheimer d’un Ehpad de la Somme.
L’exploration sensorielle de l’argile peut-elle convenir à tous ?
L’argile doit être proposée avec douceur et discernement en cas d’arthrose notamment et sur une séance courte pour ne pas risquer de fatiguer les participants.
Certains résidents peuvent paraître peu inspirés, voire rebutés par la couleur ou la texture de l’argile surtout quand elle est trop humide ou « collante ». Je constate qu’ils sont tout de même curieux d’observer les autres participants dans leurs explorations.
La relation se construit avec le temps au fil des séances et des propositions créatives.
Au-delà même les propositions d’art-thérapie, c’est bien l’art de l’écoute, de la pleine présence relationnelle et la voie du cœur qui sont à l’œuvre.
21/03/2024
Fabienne Jean, art-thérapeute – www.voyages-en-soi.com
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